Le rapport ’Bien-être des vaches laitières’ publié le 16 mai 2023 présente un aperçu complet des connaissances scientifiques les plus récentes sur le bien-être des vaches laitières. Les conclusions seront utilisées dans la révision de la législation européenne sur le bien-être animal, y compris la révision de la directive du Conseil 98/58/CE concernant la protection des animaux détenus à des fins d'élevage.

Principaux atouts et risques identifiés en matière de bien-être animal

Les principaux atouts, faiblesses et risques pour le bien-être animal ont été identifiés pour les systèmes de logement les plus répandus dans l'Union Européenne :

Stabulations entravées
Stabulations avec logettes
Stabulations libres (litières à base de paille, compost ou fumier sec)
Systèmes avec accès à des espaces extérieurs (aire d’exercice extérieure ou pâturage)

Les systèmes de logement les plus répandus dans l'Union Européenne sont les systèmes en logettes, suivis des stabulations libres et les stabulations entravées. La proportion d'exploitations offrant un accès au pâturage a diminué dans plusieurs États membres de l'UE au cours des dernières décennies, avec un nombre croissant d'exploitations passant à des systèmes zéro pâturage. Le nombre de jours de pâturage par an varie considérablement d'un pays à l’autre et au sein d’un même pays.

Principaux atouts

Des logettes bien conçues peuvent conduire à des animaux plus propres et à une meilleure santé de la mamelle.
Les stabulations libres favorisent les comportements naturels de repos et améliorent la santé des pattes, des sabots et des articulations. Une litière profonde permet un temps de repos plus long et facilite les mouvements de coucher et de lever.
Les systèmes bien gérés conduits avec accès à des aires d’exercice et aux pâturages offrent de meilleures conditions aux vaches pour faire de l'exercice, réduisent les interactions antagonistes avec les autres vaches et offrent plus d'opportunités de pour l’expression des comportements naturels.
Les systèmes basés sur le pâturage se sont révélés les moins restrictifs, permettant aux vaches de marcher librement, de changer facilement de posture et de se coucher confortablement.

Principaux risques

L'impact sur le bien-être animal de chaque système de logement est très variable et dépend de la qualité de l'environnement physique et de la gestion de l'exploitation.
Les étables stabulations entravées nuisent considérablement sur au bien-être animal, notamment en raison de la durée prolongée voir permanente de l'attache.
Pour les étables entravées et les systèmes en logettes, les risques concernent surtout des surfaces de couchage inadéquates et des dimensions insuffisantes des logettes.
Un manque d'espace et d'hygiène ont été identifiés dans les stabulations libres, en logettes et dans les aires d’exercice extérieures.
Le manque d’abris et la mauvaise qualité des sols, ou chemins constituent des risques majeurs pour les aires d’exercice extérieures et les pâturages.
Les autres principaux risques liés aux systèmes basés sur le pâturage sont un approvisionnement en eau et en énergie insuffisant, ainsi qu’une mauvaise gestion antiparasitaire.

Conséquences sur le bien-être animal

L'avis de l'EFSA a examiné les cinq conséquences les plus importantes sur le bien-être des vaches laitières (troubles locomoteurs, mammites, restriction des mouvements et problèmes de repos, incapacité à réaliser des comportements de confort et troubles métaboliques), ainsi que leur prévalence dans différents systèmes de logement. Des indicateurs de bien-être animal mesurés sur les animaux ont été utilisés pour évaluer ces conséquences sur le bien-être animal.

Bien qu'il y ait une variabilité importante de la prévalence des troubles locomoteurs au sein des différents systèmes, la boiterie est l'un des problèmes de bien-être animal les plus courants chez les bovins laitiers. Les risques courants incluent la mauvaise qualité des surfaces de couchage, le type de sol et les sols non hygiéniques. Le suivi de la locomotion (score de boîteries) et des lésions aux onglons a été identifiée comme une un indicateur de bien-être animal adapté et mesurable en ce qui concerne les troubles locomoteurs.
L'incidence et la prévalence des mammites varient considérablement au sein de chaque système. Les principaux risques incluent le type de litière, l'hygiène des trayons et l'hygiène lors de la traite. Les indicateurs identifiés pour lutter contre les mammites sont le taux de mammites cliniques et le suivi régulier du taux de cellules.
La plupart des risques affectant la restriction des mouvements et les problèmes de repos sont propres à chaque système, et sont essentiellement présents dans les systèmes entravés et en logettes, notamment en ce qui concerne la surface de couchage, les dimensions de la logette et le type de litière. Les indicateurs pour évaluer ces risques inclus le suivi du score de locomotion et des comportements de couchage.
L'attache entrave la capacité des vaches à réaliser des comportements de confort. Les dimensions des logettes ainsi que les allées et les sols glissants entravent certains comportements de confort, tandis que l'accès aux pâturages peut en faciliter. Les risques comprennent la densité d'occupation, le revêtement du sol et le manque d'opportunités d'utiliser des brosses. Les indicateurs pour évaluer l'impossibilité d'exprimer des comportements de confort incluent l'auto-toilettage, le toilettage réciproque et l'utilisation des brosses présentes.
Le système de logement a un impact mineur sur la santé métabolique. Les risques comprennent la gestion de l'alimentation et la gestion des vaches taries. Les indicateurs adaptés pour le suivi de ces risques sont l'incidence des cas cliniques et la note d'état corporel. Diverses types de pratiques d'alimentation et de conduite d'élevage peuvent augmenter le risque de troubles métaboliques.

Cinq caractéristiques des exploitations ont été identifiées comme étant responsables des conséquences sur le bien-être animal mentionnées ci-dessus, et peuvent être utilisées pour classer le niveau de potentiel de bien-être animal en exploitation. Il s'agit de l'espace disponible, des caractéristiques des logettes, de la forte mortalité dans l’exploitation et de l’accès au pâturage sur une durée inférieure à 2 mois par an.

Recommandations

Les vaches laitières ne devraient pas être entravées de manière prolongée ou permanente.
Les vaches devraient avoir accès à des pâturages bien drainés et avec de l'ombre.
Au moins une logette par vache devrait être prévue dans les stabulations.
Les logettes devraient avoir des surfaces de couchage sèches, douces et déformables, de préférence avec une litière épaisse.
Les dimensions et la conception de la zone de couchage devraient être adaptées à la taille de la vache (les dimensions minimales en largeur et en longueur des logettes et d'autres caractéristiques sont détaillées dans le rapport).
Lors de l'utilisation de béton nu, une litière épaisse d’au moins 30 cm devrait être fournie. Lors de l'utilisation de tapis et de matelas, une litière d'au moins 5 cm de matériau comprimé devrait être fournie. Par exemple, cela correspond à 3 kg de paille par jour et par logette à fournir.
Une surface intérieure totale d'au moins 9 m²/vache devrait être prévue, surfaces de couchage inclues.
Des surfaces propres, sèches, antidérapantes et sans bords tranchants pour les zones de déplacement et de stationnement.
Utilisation d'un revêtement en caoutchouc (ou toute autre surface déformable et antidérapante) à la mangeoire et dans les allées,
Les chemins vers les pâturages devraient être de réguliers, exempts de pierres et de débris.
Des brosses devraient être disponibles dans tous les systèmes de logement libre.
Suivi régulier du score de locomotion avec traitement/intervention précoce sur les vaches boiteuses.
La santé de la mamelle devrait être régulièrement surveillée en utilisant le taux d'incidence des mammites cliniques et le suivi individuel du taux de cellules.
La notation de l'état corporel devrait êtreréalisée régulièrement pour limiter le risque de troubles métaboliques.
Les niveaux individuels de beta-hydroxybutyrate ou les cétones en début de lactation devraient être utilisés pour surveiller le risque de cétose subclinique au niveau du troupeau.
Validation du schéma basé sur les risques pour classer les exploitations à risque de mauvais bien-être animal.

L'EFSA publie un avis complet sur le bien-être des vaches laitières